Synthèse du séminaire de lancement

Le 5 novembre 2024, le séminaire de lancement d’OR-ALIM a réuni à La Réunion un large panel dechercheurs, acteurs de la santé, décideurs publics, acteurs économiques autour d’un objectif commun :co-construire des solutions pour une alimentation plus durable dans les territoires insulaires du sud-ouest de l’océan Indien. Ce projet, porté par l’IRD en partenariat avec l’INRAE, les universités de LaRéunion, de Mayotte et de Maurice, ainsi que l’ANSES, s’étend sur quatre ans et couvre La Réunion,Maurice, Rodrigues et Mayotte, avec une ambition de rayonnement vers l’ensemble des régionsultramarines françaises et des territoires en transitions
1. Introduction
Après les prises de parole des représentants de l’Université de La Réunion, Conseil Régional de La Réunion, Agence Régionale de Santé de La Réunion Laurence Tibère (MoISA – IRD) rappelant les enjeux de souveraineté et d’autonomie alimentaire pour La Réunion, les défis en matière de santé publique dans un territoire marqué par une prévalence élevée de maladies métaboliques et le rôle central de la recherche dans la compréhension des dynamiques territoriales, Laurence Tibère, Caroline Méjean et Prity Pugo-Gunsam ont présenté l’origine, lecontexte, l’ambition et les objectifs du projet ORALIM, insistant sur l’importance de croiser recherche scientifique et besoins des acteurs locaux pour relever les défis alimentaires spécifiques aux territoires étudiés: La Réunion, Maurice et Rodrigues.


2. Volet 1 « Alimentation et société »
OR-ALIM s’appuie sur un premier volet d’enquêtes et d’expérimentation conduites à La Réunion, à Maurice et à Rodrigues (projets ORALIM-RUN & ORALIM-MU-RO financés par le FEDER, INTERREG et l’ARS) qui visent à produire des donné es quantitatives et qualitatives de suivi, de prospective et d’intervention, sur certaines dimensions sociales, culturelles, économiques, nutritionnelles et environnementales de l’alimentation, dans une perspective de durabilité et de maîtrise de l’alimentation dans ses différentes dimensions.
Avec près de 5 600 personnes et 15 familles à La Réunion et 3 750 et 20 familles à Maurice-Rodrigues interrogées et engagées dans ce volet d’ORALIM, les données produites permettront de développer des indicateurs de pilotage des politiques publiques mais aussi des outils d’information, sensibilisation et formation dans différents domaines (sanitaire, scolaire, entreprise, culturel, social,…).
Elles permettront également de proposer des indicateurs à destination des acteurs socio-économiques locaux engagé s dans l’alimentation durable. Enfin, les connaissances produites seront mises à disposition des populations.
S’appuyant sur une analyse des dimensions sociales, culturelles, économiques mais aussi agroéconomiques à différentes échelles (macro et micro sociales) ainsi que sur le recensement d’initiatives en faveur d’une alimentation plus durable (depuis la société , le monde économique, la recherche…),
ORALIM est la préfiguration d’un dispositif d’accompagnement des transitions et de la souveraineté alimentaires dans les territoires. Il permettra en effet à la fois de mieux comprendre les transitions en cours (à travers une recherche pluridisciplinaire), à de fournir des indicateurs de pilotage complémentaires (observation et suivi) à différentes catégories d’acteurs dans la perspective de transitions mieux maîtrisées, et d’identifier des leviers (et freins) pour la mise en place de systèmes alimentaires plus durables tant au niveau de la consommation que de la production.
Enfin, le dispositif mis en place à La Ré union est un pilote en vue d’un transfert possible vers d’autresrégions ultrapériphériques.
3. Volet 2 « Durabilité alimentaire »
Le second volet d’ORALIM comporte une série d’enquêtes,
d’études et d’analyse de la durabilité des comportements et
des offres alimentaires à La Réunion.
Mises en oeuvre à travers le projet « CARI » financé par l’ANR, ce volet vise à produire des données de suivi sur la durabilité alimentaire et inclut l’étude des déterminants individuels et
environnementaux des comportements alimentaires dans
l’objectif d’identifier les populations les plus vulnérables.
L’un des enjeux scientifique du projet CARI est le développement et la validation d’outils et de méthodologies adaptés aux spécificités démographiques et territoriales de la Réunion pour obtenir des données robustes et fiables sur ce territoire.
Ce volet utilise une approche interdisciplinaire associant épidémiologie nutritionnelle, biostatistiques, économie, géographie et sciences de l’environnement, avec des compétences et méthodologies variées, pour intégrer des données sur de multiples dimensions de la durabilité de l’alimentation, à différentes échelles.

Grâce à des enquêtes de terrain auprès de 2000 adultes de plus de 16 ans, des études au sein de la restauration scolaire et de l’aide alimentaire, une cartographie du « paysage alimentaire » auxquels sont exposés les Réunionnais et le développement de bases de données et indicateurs adaptés au contexte réunionnais sur la composition nutritionnelle des aliments, leur prix et leurs impacts environnementaux
des aliments, CARI permettra d’élaborer :
- un ensemble d’indicateurs permettant d’évaluer la durabilité des comportements alimentaires réunionnais ;
- des recommandations nutritionnelles adaptées à la population réunionnaise, en particulier aux groupes à haut risque nutritionnel ;
- une approche intégrée de l’alimentation pour identifier les leviers pour un système alimentaire réunionnais durable, de la production à la consommation, prenant en compte les tensions et synergies entre les dimensions de durabilité et ainsi soutenir les décideurs publics pour la création de politiques alimentaires plus durables.
4. Ateliers de réflexion
Le séminaire a également été l’occasion d’organiser des séances de réflexion pour permettre de dialoguer avec les participants autour de 3 axes majeurs pour la réussite d’OR-ALIM :
- Elaboration de scénarios pour une alimentation plus durable (B. Ramasawmy, V. Simoulin),
- Interventions auprès des populations vulnérables (A. Dupuy, A. Brial)
- Identification de leviers pour améliorer l’environnement alimentaire (P. Pugo-Gunsam, H. Charrière)Les ateliers ont permis tout d’abord de recueillir les représentations des participants sur les concepts mobilisés, la pertinence pour elles et eux des enjeux identifiés par ORALIM puis d’identifier comment OR-ALIM peut y répondre. Un compte-rendu synthétique des ateliers est disponible en partage ici.